SACRÉ VOISIN
Mon voisin d’en face est un porc. Il a des photos cochonnes sur son lit. Sa femme l’a quitté quand elle a découvert les revues. C’était l’été. Leur fenêtre grand ouverte de canicule.
Qu’est-ce que c’est que ça?
Je ne sais pas, c’est pas à moi.
Comment ça, pas à toi? Tu me prends pour une conne ou quoi?
Non, je te jure. Ça devait être au voisins d’avant.
Aux voisins d’avant, dans le tiroir de ton bureau!
Non, mon voisin d’en face n’est pas un porc. Et sa femme, pas une cochonne non plus. Seulement elle l’a quitté quand elle a découvert les revues. Leur chambre donne sur ma cuisine. Jamais je ne les ai entendus jouir la fenêtre ouverte, les longues nuits de canicule.
Tu me dégoûtes.
Mais je te jure, je ne sais pas à qui elles sont, je ne savais pas qu’elles étaient là.
Si encore tu m’avais dit, écoute...
Mais comment veux-tu...
En plus, tu es lâche, je m’en vais.
Hein?
Elle a fait sa valise. Pris des choses. Pas une revue. Il la suivait, implorant. Mais ça ne marchait pas, ça ne changeait rien. Alors il s’est mis à lui gueuler dessus et elle sur lui.
Vas-y, fous le camp, de toutes façons...
Si tu crois que je vais me gêner
... on faisait l’amour qu’à mon anniversaire...
Parce que t’appelles ça faire l’amour?
Hein?
Un type l’attendait en voiture quand elle est descendue avec sa valise. Un type chauve, dans une merco bleue. A croire qu’elle les avait mises elle même, les revues. Ils se sont embrassés sur la bouche, longuement. Il a mis sa main sous sa jupe, comme sur les photos.
Et puis ils sont partis.
Mon voisin a gardé les revues. Souvent, il les dispose sur son lit, méticuleusement, comme un cadeau d’anniversaire.
Baby boy frankie bono