LIVE BAR







L’apéro, on devrait le faire après.
Après? Après quoi?
Après avoir mangé.
Il disait ça, il avait la bouche pleine de cacahouètes. Ou de chips. Il mangeait tout ce qui bougeait. La fille est passée devant lui. Il l’a sifflée. Elle s’est retournée. Il a entre ouvert la bouche et a craché plein de chips à travers ses dents. Comme un enfant. Ses amis riaient. Alors lui aussi riait.
Sinon, on va être tout de suite bourrés. On le sait. Quand on ne mange pas, on est plus vite bourré. Et puis on n’a plus faim. Et le lendemain, bonjour la gerbe.
Il a sorti un vieux mars de sa poche. Un mars ratatiné. Non daté. La fille est repassée. Il lui a fait un grand sourire. Il avait plein de chocolat collé sur ses dents. Comme des dents manquantes. Comme un pirate. Ses amis pleuraient de rire. Surtout celui de gauche. Mais les autres aussi. Celui de gauche, juste un peu plus.
Où est-ce qu’on pourrait aller manger?
Mais ils n’arrivaient pas à se décider. Jamais au complet. Il y en avait toujours au moins un dehors, fumant. Ou parlant avec d’autres. Des gens d’un autre groupe. Et puis il revenait, mais alors c’était un autre, ou une autre, fumant, fumante. La fille est repassée, elle lui a demandé une cigarette. En fumer une avec lui, dehors. Elle l’a appelé le comique. Ça a fait rire ses copains.
Tu trouves ça drôle?
Quoi?
Tes trucs de chips... ou de chocolat...
J’sais pas. Oui, je crois.
Ils ne se sont pas éternisés. La fille avait froid et puis surtout, elle n’a rien dit d’autre. Pendant toute la cloppe.
Alors?
Alors... alors rien. On a parlé, c’est tout.
T’as un ticket, on dirait.
Ouais, un genre.
Et puis il a pété. C’est à ce moment-là que je suis parti. J’avais faim.

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